Biographie

Victor Loret (1er septembre 1859, Paris – 3 février 1946, Lyon) naît dans une famille de musiciens, voie à laquelle il se destine dans un premier temps. C’est à l’âge de onze ans que Victor Loret développe une véritable passion pour le monde de l’Egypte ancienne, par la découverte fortuite des travaux de Jean-François Champollion. Il suit des cours en lettres classiques, en musique, mais aussi, dès l’âge de dix-sept ans, des leçons données par Gaston Maspero à l’Ecole Pratique des Hautes Études à Paris.

Victor Loret apprend le copte, l’arabe, l’allemand, l’italien et l’espagnol. Il maîtrise également le latin et le grec ancien. Sa soif de connaissances, sa curiosité sans limites le poussent à s’intéresser à tous les aspects scientifiques, historiques, géographiques de l’Orient, ancien et moderne. Ses goûts sont extrêmement variés, et portent tout aussi bien sur l’égyptologie que sur l’histoire naturelle (botanique, zoologie, minéralogie…) occidentale ou orientale, la religion, la musique, la littérature tant gréco-latine, qu’arabe ou européenne…

Victor Loret participe pendant plusieurs années aux recherches de la Mission archéologique française du Caire (1881-1884), avant de prendre la tête du Service des Antiquités et des Musées (créé en 1858 par Auguste Mariette) en 1897. Plusieurs chantiers de fouilles archéologiques sont ouverts sous sa direction, d’abord dans la nécropole de Saqqara, puis dans un secteur de la vallée des Rois ignoré par ses prédécesseurs. Il y fait plusieurs découvertes majeures, mettant au jour les tombes de Thoutmosis III (KV 34), de son fils Amenhotep II (KV 35) et de Maherprâ (KV 36). Dans les salles annexes de la chambre funéraire d’Amenhotep II, Victor Loret découvre une douzaine de momies royales, cachées par des prêtres d’Amon vers 1 000 av. J.-C. dans le but de les protéger des pillages. Ces découvertes retentissantes attirèrent sur ses travaux archéologiques une attention pas toujours bienveillante.

A la fin de son mandat en 1899, Victor Loret regagna la France et semble n’être plus jamais retourné en Égypte.

Il s’installa à Lyon en tant que professeur à l’université (il y était déjà Chargé de conférences depuis 1886), donnant des cours d’égyptologie et d’histoire orientale. Il assura la formation de la plupart des grands égyptologues à la charnière entre le XIXe et le XXe siècles, en particulier des Lyonnais Henri Gauthier (1877-1950), Alexandre Varille (1909-1951), ou encore du Savoyard Alexandre Moret (1868-1938).

Victor Loret prit sa retraite en 1929, mais continua à accueillir chaleureusement ses élèves dans son appartement du 10, quai Claude Bernard, partageant avec eux son savoir et ses multiples expériences (les anecdotes sont nombreuses : il reconstituait les parfums et baumes en usage dans l’Egypte ancienne, et les soumettait aux nez et jugements de ses visiteurs). Il mourut à Lyon d’une pneumonie en 1946, à l’âge de 87 ans.

Il écrivit plusieurs articles et ouvrages sur l’archéologie, mais se consacra avant tout à la philologie. Sa Flore pharaonique (publiée en 1887) regroupe les termes de botanique tirés des textes égyptiens, qu’il identifia par comparaison avec leurs équivalents coptes, arabes ou hébreux. Victor Loret publia de nombreux autres articles qui enrichirent considérablement le lexique des mots connus en égyptien ancien, en rapport avec la botanique, la zoologie, la médecine, etc. Il travailla également sur la musique populaire de l’Egypte ancienne, et les instruments en usage. A ces travaux publiés se rajoutent de multiples notes inédites, manuscrits et photographies répartis entre Lyon (à la Maison de l’Orient, pour les photographies), Paris (avec une partie des Carnets de notes philologiques conservés à l’Académie des inscriptions et belles-lettres) et Milan (les fonds d’archives concernant la découverte de la Seconde cachette royale, légués à Alexandre Varille, sont aujourd’hui conservés par le département des Sciences de l’Antiquité de l’Università degli Studi di Milano). Il prépara un volumineux Dictionnaire hiéroglyphique, conservé à l’Institut de France (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres) et resté inédit.

Il se lia avec plusieurs spécialistes du Muséum d’histoire naturelle de Lyon (anthropologues, archéologues, botanistes…), tels qu’Ernest Chantre, Louis Lortet ou André Bonnet, et permit l’enrichissement des collections égyptiennes du Muséum.

Son réseau de contacts s’étendait bien au-delà de la France. Il correspondait avec divers grands spécialistes du monde oriental ou africain comme l’ethnologue Georg August Schweinfurth, l’égyptologue Ludwig Keimer, etc. Les nombreuses contributions aux deux volumes d’hommages qui lui furent dédiés en 1930 (dans le Bulletin de l’Institut Français d’Archéologie Orientale, http://www.ifao.egnet.net/bifao/30/) permettent de mesurer l’étendue et la qualité de son réseau scientifique.

Musicologue, linguiste et botaniste, Victor Loret était et reste considéré comme l’une des principales figures de l’égyptologie internationale de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Bibliographie sommaire :

  • Goyon, J.-C., « Victor Loret », dans Dictionnaire critique des historiens de l’art (disponible sur le site Internet de l’Institut National d’Histoire de l’Art <https://www.inha.fr/fr/ressources/publications/publications-numeriques/dictionnaire-critique-des-historiens-de-l-art/loret-victor.html?search-keywords=victor%20loret>).
  • Halphen, L., « Eloge funèbre de M. Victor Loret, correspondant de l’Académie », Comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres 90, n°1, 1946, p. 113-118 (disponible sur le site de Persée <http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1946_num_90_1_77946>).
  • Varille, A., « Victor Loret 1859-1946 », dans Annales du Service des antiquités de l’Egypte 47, 1947, p. 7-13.