Le Menchiyéh, bateau du Service des Antiquités de l’Égypte

Les tournées d’inspection en Haute-Égypte que devait effectuer le DIrecteur du Service des Antiquités exigeaient un moyen de déplacement spécifique. Disposer d’un bateau lui permettait de maîtriser totalement ses déplacements et ses étapes, ce qui n’aurait pas forcément été facile avec des bateaux de louage, comme on le lit souvent sous la plume des voyageurs de l’époque. Au fil de l’eau, cette embarcation recueillait et transportait au Caire les antiquités trouvées par les paysans qui prélevaient la terre des sites antiques utilisée comme engrais (sebakh).
Le premier bateau mis à la disposition de Mariette à la création du Service des Antiquités de l’Égypte (SAE), en 1859, était le Sammanoud, ou n°3. Il n’était sans doute pas neuf, puisque dès 1862 l’administration khédiviale le remplace par le Menchiyéh, bateau à vapeur que Mariette décrit dans une lettre d’avril 1862 comme beaucoup plus rapide et moins bruyant que le Sammanoud.
Une vingtaine d’années plus tard, le vapeur était toujours en service et le directeur du SAE l’empruntait régulièrement pour son inspection annuelle. Au début de 1881, à la mort de Mariette, Gaston Maspero venait d’être nommé à la tête du Service et il utilisa ce bateau pour son premier voyage en Haute-Égypte, emmenant avec lui les premiers membres de la toute jeune mission archéologique française au Caire qu’il avait lui-même recrutés, Loret et Bouriant.
Le couple Maspero devait continuer à habiter sur ce bateau au moins jusqu’à l’été 1882. Maspero écrit à E. Renan au printemps 1882 : « Depuis que je suis en Égypte j’ai dû toujours habiter à bord du bateau du Musée. C’est un logement agréable l’hiver, mais insupportable dès que les chaleurs commencent, et malsain quand le Nil baisse. »